14/10/2010

Pour changer de la technophilie...

J'avais promis une réponse à Rémi Grossmann, suite à la publication d'un de ses billets  qui m'avait passablement énervé. Il m'aura fallu quelques temps... mais finalement, je tente de passer l'épreuve de la modération, pour publier le premier commentaire sur ce, peut être, futur grand blog politique en Suisse.

Le sens du sacrifice... tout un programme, n'est-ce pas ? Après une énième relecture, je me décide finalement à poster une réponse. Après tout, j'avais dit que je le ferais ;-) . Ça arrive juste un peu plus tard que prévu.

Le premier point abordé, ou plutôt survolé, dans la première partie de ce billet, est bien sur celui qui me dérange le plus, et de très loin. Car après tout, une arme est une arme. J'ai du mal à faire la différence entre un fusil d'assaut et une mine anti-personnelle. Vraiment.

Les deux peuvent tuer, blesser, mutiler, au choix. Le problème de la mine étant qu'elle mutile trop souvent. Donc pour faire semblant de se donner bonne conscience, les "pays qui respectent les droits de l'homme", certaines armes à caractère mutilant ne sont plus produites dans certains pays, selon les termes d'accords dont je ne connais pas le contenu exact. Par exemple, la France, pour ne pas parler que des territoires neutres, ne fabrique plus de mines anti-personnelles. Les guerres doivent être propres pour que TF1 puisse les couvrir pendant le JT de 20h.

Pourtant une arme reste une arme. Là  où les fusils et les chars que la Suisse vend vont prendre des vies, les mines les détruiraient. Je ne vois pas en quoi la mort est plus louable. Les deux sont, à mon avis, aussi grave, aussi condamnable. La mort ne fait partie du respect ni de l'homme, ni du citoyen.

Le respect des droits de l'homme passe peut être pour toi par le refus de vendre des armes à des pays en guerre. Pourtant, des nuances existent. Sur les conflits internes, par exemple. Et sur les garantie qu'en acheteur donnera de ne pas revendre le matériel à des nations ou groupuscules aux velléités moins louable que la simple protection du territoire. Tu auras du mal à me faire croire que la Suisse a les moyens de contrôler la destination finale des armements vendus. Notamment parce que des dérives semblent avoir eu lieu par le passé.

Car les armes produites en les contrées helvètes sont, finalement, vendues. Et que rien ne garantit qu'elle ne finiront pas dans les mains de terroristes/rebelles/braqueurs de banques/mafioso. Une arme, ça se vole. Un stock d'arme, ça se détourne.

Effectivement, nous parlons ici d'arguments moraux, là où tu nous opposes clairement des arguments pratiques : l'arrêt de la production d'armes serait catastrophique économiquement. Et pourtant...

Tu parles de dizaines de milliers d'emplois supprimés. Il semblerait (source à vérifier, cependant, l'article où j'ai obtenu le chiffre ne cite pas ses sources) que les opposants à l'arrêt de la vente d'arme à l'étranger, lors de la dernière votation, évaluait le nombre de ces emplois à 10 000. On change d'échelle, déjà. Mais j'admets que 10 000 vies mises à mal de cette façon, ça me trouble.

Cependant... nous parlons bien d'un pays prospère économiquement, n'est-ce pas ? Je tiens à être sûr... La Suisse, à mon avis, a tout à fait les moyens de créer la richesse d'innovation nécessaire au retour de ces 10 000 emplois. Des défis technologiques d'ampleur sont là, et doivent être soutenus. Certains ont même des dimensions morales. D'ailleurs, je pense que la structure étatique de la Suisse, par son découpage en cantons, est adaptée à l'éclosion de startups performantes, grâce à des encadrements ciblés et efficaces.

Tu opposes les objectifs moraux (ou philosophiques, les deux choses sont pourtant différents, mais admettons que je les ai plus ou moins amalgamés ici) et pratiques, économiques. Je soutiens que les défis que posent les réflexions philosophiques ou morales permettent de construire des projets ambitieux, car ils soulèvent des buts autrement plus nobles, autrement plus soutenables que la simple vénalité.

L'économie ne peut pas tout justifier. Sinon, autant vendre ses enfants au marché...